Un homme qui maîtrise la science des médias maîtrise tout de lui-même, tout de son allure, son apparence et sa posture, du clignement de sa paupière jusqu’aux bruissements de son abdomen ; il sait prendre un air profond, ou joyeux ou impénétrable ; il sait cacher derrière un sourire les mauvais sourires de son intimité ; et comment contraindre son humeur pour épouser celle des autres, ou dissimuler ses élans pour parler contre son cœur en faveur de celui des autres.  Il sait ainsi invoquer le soleil avec tant de talent appris, quand il pleut tant dehors, qu’on finit par sortir vêtu d’une chemise de lin blanc. Tout cet art de la fausseté est devenu un grand métier, qui rend cet homme si honoré et si recherché dans les méandres de la cité. Mais ce grand art fondu de tant d’artifices et de labeur n’est soudain plus rien quand cet homme, lorsqu’il aura fini son cycle de gloire, et lorsque les médias en auront achevé la digestion, se retrouvera nu de toute notoriété et dépourvu de fortune. Alors, tout son ancien bagage lui paraîtra bien pesant, et tout aussi inutile à n’importe quel humain pour son bien-être et sa santé, que la franchise, la sincérité, et là vertu de ceux qui ont fait un temps de cet homme un des maillons indispensables de la vie publique.