Listes de moments désagréables et pourtant familiers:

Quand la neige sur les trottoirs n’en finit pas de se changer en boue marron, en boue glissante sous la bruine qui dure.

Quand on entend  à nouveau- sans que l’on sache pourquoi – la voix des voisins dans une rumeur sourde, et qu’on ne peut s’empêcher de prêter l’oreille à leurs propos en espérant percevoir quelque chose d’indiscret qui le rendrait plus humains.

Quand il faut à nouveau se séparer et se résoudre en même temps à se retrouver d’ici peu.

Quand apparaît discrètement la petite absence dans le champ de vision, qui annonce sans faillir la migraine ophtalmique.

Quand la pluie surprend à verse et rien pour se couvrir.

Quand il faut par métier rendre compte sur un sujet qu’on ne peut trouver pertinent.

Quand, pressé par la foule dans un long trajet de métro, une foule plus dense encore rentre et vous fait plus compressé encore.

Quand on s’éveille la nuit, alors que le sommeil était doux, et la sensation soudaine d’être meurtri par l’effet d’un membre complètement ankylosé sous le poids du corps, au point qu’on ne parvient même pas avant de longues minutes, à remuer la main pour animer la circulation.

Quand l’ennui vient, alors que tout est là pour qu’il ne vienne pas.

 

©hervéhulin2022