Un trait d’or aveuglé tremble sur la fenêtre
Les traces d’encre disparaissent
A peine empourprée l’aube pointe
Là-bas s’achève une caresse
Les secrets de la nuit éteinte
Nous imposent ce choix entre la chose et l’être
Fièvre adoucie chaque jour
Brûlure d’un triste velours
Rougi sous la plaie et la lèvre
Où déjà solaire le zéphyr se relève

J’espère du plein-jour le rayon somptuaire
Rêvons un peu rêvons encore
C’est là l’ultime sanctuaire
Des dieux fragiles que le jour neuf ignore
Voici le dur diamant que le moment éclaire
Le métal et son or L’oiseau et son orgueil
Revoici l’astre fou qui grossit à vue d’œil

Vite quelques fleurs d’ellébore
Vivants prenons garde à l’aurore
Enfant Je m’émerveille aux pièges de sa traîne

À nouveau les hommes vivent
Rêvons un peu sans plus agir
Rêvons de vin et d’apparences
Flammes faciles les jours se suivent
Dans l’écheveau des évidences
J’entends le rire sourd du chaos à venir

Derrière l’aube vient l’été
Dans la houle stressée des blés
Les coquelicots se consument
Leur volage rougeur essaime
Quand un seul soupir les dénude

Chaque jour sur la terre
Sur sa circonférence entière
Condamne chaque lendemain
À se dévorer de chagrin
J’imagine fleurir des éblouissements
De superbes aveuglements
Sous l’aurore toute entière
Irriguée d’orageux réveils
Des forêts d’astres fous et de nouveaux soleils
De soleils champignonnant
Prenons garde au matin trop blanc

L’astre levant face à la route
Joue sa partition de splendeur
Soudain dans le rétroviseur
Un deuxième soleil s’ajoute
La chaleur d’un éclair fait fondre
L’idée de la terre si ronde
Et dans le souffle qui met fin à toute aurore
Toutes les larmes du monde enfin s’évaporent.

 

©hervéhulin2023