L’adieu à la Lune A.

De tant de beaux matins discrète donatrice
Notre Lune a sombré sous le coup de midi
Mais n’a pas attendu sommeillant aux aguets
Le retour du solstice
Son reflet trois-couleurs si vite évaporé
Laisse une ultime parhélie
Trembler sous le deuil attendri
Lune abolie Que reste -t-il de sa rosée ?
Une douce lueur à l’étoffe embuée

La Lune allongée sur son coussin palpite
La Lune a fixé un oiseau par la fenêtre
La Lune a levé la tête et happé la mite
La Lune a léché sa patte en se grattant la tête
La Lune a dormi six heures sous la télé
La Lune a envahi le tapis principal
La Lune a traversé seule un grand champ de blé
La Lune s’est soudain figée dans un cristal

La Lune aventurée sur les hauteurs nocturne
Gravant nos mémoires et balançant ses voiles
Libre et chasseresse vogue enfin sur le monde
Sa marche est sans écho à nouveau souple et ronde
Sa pupille a teinté d’un vert vif les étoiles
Et le salon soudain reste infiniment vide.

Si légère à peine envolée
Sous la brume de quinze années
Dors, rêve et scintille là-bas
Jamais idée d’oubli ne te caressera
Sans l’écho de ce cœur qui a cessé de battre
Notre petite Lune avec nous pour toujours
Et grâce à toi au fil des jours
Plus jamais trois et toujours quatre

 

 

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