Nous appartenons à cette engeance qui apprit très vite à cultiver la terre, et dominer les mers, pour son propre progrès ; à concevoir des œuvres de l’esprit qui repoussent les frontières du beau et du savoir. Nous explorons l’infini du cosmos, et le frémissement des microbes. Nous pouvons nous projeter vers la lune, demain vers le reste de l’espace, ou encore nous connecter avec un objet qui tient dans la main, au reste de l’humanité entière. Nous sommes les éternels victorieux de l’univers.

Et pourtant, et pourtant, nous ne sommes jamais absolument sûrs de nous-mêmes et de nos raisons à accomplir tout cela. Le vacarme de l’orage fait remonter en nous un soupçon d’inquiétude ancestrale. Si nous tombons d’une modeste hauteur, nous nous brisons. Nous restons longtemps bouleversés par la disparition d’un proche, ou encore hébétés, délicatement fiévreux, dans la résolution d’avouer ses sentiments à l’être qu’on aime. Nous sommes infiniment précautionneux avec un nourrisson dans les bras, La contemplation d’une fleur fanée nous rend triste, le balancement de l’horloge nous inquiète.

Nous sommes par essence, déchirés entre cette assise puissante de notre place dans le monde, et cette faiblesse qui nous cloue aux limites de notre condition. Tel est le défaut qui nous livre l’essence de nos qualités. Nous sommes fragiles…