Sous le silence de l’obscur
Lève le frisson des chandelles
Pas à pas
Tel un soupçon qui devient sûr
A force d’écho infidèle
Jette au jour un ultime appât
Regret des anciennes tutelles
La nuit qui va ne revient pas

Déjà faiblit la voix du pâtre
(Onde orangée de la distance)
A peine éblouie d’une ondée
La noirceur soudain déroutée
Tremble sous l’austère portique
Silhouette voûtée dans l’albâtre
D’un miracle à la mode antique
Où êtes-vous anciens hoplites
Dix-mille reclus dans l’oubli
De l’ordre des cités détruites
S’évanouissent l’ombre et le pli

Hautain est l’œil de l’Aphrodite
Qui dessine sur le sable lourd
Un point fuyant de convergence
Et comme un vin qui se renverse
Laisse iriser dans son pétale
Le bronze pâle du contre-jour
Sur l’écorce de l’olivier
Glisse la sitelle évasive
Tel un astre recommencé
A chaque fois que s’ouvre un livre
Éclat d’un désert singulier
O Ferveur bleuie des eaux mortes

Temps affaibli qui nous emporte
Sur la terre où tant de labeur
S’efface en rêvant de renaître
Qui es-tu l’aveugle ? Prophète
Frissonnant tel un guetteur
Qui s’épuise au fil des siècles
A convoiter le feu
Des chandelles par la fenêtre