Peut-être connaissez vous Astérie, et savez vous d’elle l’inimitié qu’elle porte à Climène ; Climène n’en veut pas plus que cela à Astérie, mais toujours prend ses distances avec Ménophile ; Ménophile, bien que Climène l’indiffère,  n’apprécie pas que Géronte l’approche de près, même s’il supporte bien plus cela que la proximité de Ménandre ; Ménandre en veut, semble-t-il à Ruffin, qui lui-même déteste Clarice ; celle-ci reproche bien à Cidias de ne pas aimer Astérie, puisqu’elle en veut à Climène ; mais c’est surtout de Dracon que Cidias ne veut pas même entendre le nom ; il lui en veut tant aussi de détester Arthénice que cela pourrait presque se comprendre ; quant à Arthénice, par ailleurs souvent excédée de l’existence même de Ménandre, ne lui parlez pas de Frontin, elle le juge imbécile au point de le fuir en courant; Frontin en veut furieusement donc  à Arthénice, et autant, dirait-on, à Climène, puisqu’il semblerait que celle-ci montre de l’amitié pour Arthénice, la quelle, en vérité, voue une animosité chaque jour plus brûlante à Ménalque, qu’elle juge sot et inutile ; mais aussi à Mélinde, dont elle dit plus que du mal, au grand soulagement de Zénobie, pourtant du même avis sur la personne de Ménalque, mais qui déteste Mélinde, tout en étant détestée de tous à l’unanimité. Quant à Théophile et Théonas, entre eux c’est bien une forme de haine, que la foule de ces gens-là contemplent avec agitation. Voyez-vous, quoi qu’on en dise, l’ennui piqué d’esprit,  est souvent fertile en toutes sortes de sentiments des plus faciles; ne craignez rien, ce n’est que la façon la plus ordinaire de peupler ainsi tant des conversations dans le pays français.

 

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