C’est le malheur des gouvernements de notre époque, qui laisse une heureuse liberté de ton à chacun dans la cité, d’être en toute circonstance, accusés sans relâche par leurs sujets, des défauts et des vices de ces mêmes sujets. Ces derniers ne veulent voir dans ceux qui font les lois que la tentation de l’intérêt particulier pour échapper à l’intérêt général, et la primauté de l’ambition sur la volonté commune. Mais qui donc assujettira le sens de sa journée, l’affection de sa famille, le niveau de son impôt, le principe de sa propriété ou de son travail, au sort de celui qui accablé de misère, reste sans toit et sans soutien endormi sur le bitume ? Qui donc renoncera, exhortant la passion de l’égalité, à la possibilité de déroger à une obligation citoyenne plutôt contraignante, s’il n’en a qu’une seule occasion ? Franchira la ligne blanche si cela peut accommoder un meilleur délai, ou laisser entrevoir un possible succès pour sa personne ? Contournera la ligne droite, si le prix de la courbe est à son avantage ? Ainsi sommes-nous, qui, dénonçant l’impéritie des puissants, ignorons le prisme du miroir qui dénonce notre impuissance à devenir meilleurs.