Pourquoi ai-je si peu vécu ?

Sable mobile sous l’eau pure

Pour les névés des aubépines

Où s’exténuent l’ordre et l’éveil

Pour la torpeur floutée de l’aube

Où nul moment se renouvelle

Et l’extase et l’insomnie

Pour les distances hors-échelles

De l’enfant jamais revenu

Voilà pourquoi si peu vécu

Ai-je donc déjà tant vécu ?

Dans l’antique jardin les bourgeons

Restaient bourgeons Mais renonçaient

Aux années discontinuées

Dans la clandestinité qui ont dévoyé

Ce songe nu au cœur du cercle

Et caresser l’espoir des marges

Comme la pluie qui passe et brûle

Sur la cendre d’avoir vécu

Pourquoi ai-je si peu vécu ?

Le front posé sur ces matins

L’instant semblait moins imparable

Les jours suivants les jours s’essoufflent

Et rien ne sait restituer

De l’hiver le pâle flambeau

Ai-je donc tant vécu ?

Les minéraux se sont lassés

De ces aspérités faciles

Cette absence en cheminement

Qui relie le cœur à l’étoile

Pourquoi ai-je si peu vécu ?

De l’iris le pétale hanté

Effleure le sol et le flot

Lumière es-tu si pâle

D’avoir si peu vécu

Pourquoi ai-je donc tant vécu ?

Témoin du contre-jour

Pour l’étoile dessous l’obscur

Et l’innocence dans l’eau pure.