Vanité IV (La vie heureuse).

Une vie très heureuse ne le sera jamais absolument, car en chacune des circonstances qui éclairent sa chance, elle restera voilée de la crainte de se perdre et soumise aux caprices de la fortune ; une vie malheureuse, malgré tout l’accablement et la peine de ses trop longues années, ne le sera jamais absolument, car elle ne pourra craindre la ruine de sa situation, et palpitera éternellement dans l’espérance d’une infime lueur, qui pourrait en soulever la pénombre. De sorte que l’homme ne connaîtra jamais ni le bonheur ni le malheur, et voilà tout ce qui en fait la fragilité mystérieuse.

 

 

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