Pyrame est de figure joyeuse et d’esprit rieur. Il plaisante sans cesse, mais sans excès, ce qui en fait une agréable personne. Il a le contact facile, on dit de lui qu’il est amusant, qu’il est bien dans sa peau. Ses amis, on ne les compte plus. C’est ce qui se dit. Mais en fait, loin de cela et face à lui-même, Pyrame est très seul et tout l’angoisse ; il est souvent las de devoir amuser pour exister.

Ariste n’est pas aimable, et souvent cassant face à une femme ; sévère avec les humbles, distant vis-à-vis de ses pairs, il ne semble pas aimer la distraction ni la comédie. Il est peu appréciable dit-on, de l’avoir en face de soi. La vérité pourtant n’est pas cela. C’est un timide, Ariste. Il craint tant les autres et leur aisance qu’il se doit de les distancer. Tournez-le sur lui-même, il est alors doux et très attentif à son chat.

Césonie compte les sous tout le temps, elle compte, elle compte encore. Mieux vaut ne pas être reçu à sa table, elle finirait par vous présenter l’addition. Mais de Césonie aussi vous ne voyez pas la juste face ; elle est pauvre et manque de ressource, malgré son joli salaire, car elle dépense tout le temps son argent pour des riens qui rabaissent sa vie. Incapable de garder la moindre économie, elle aime tant à donner aux autres ce qu’elle ne possède pas. Et passe sa vie à compter ce qui reste pour elle.

Pour obéir aux commandements d’une vie minimale en société, on est parfois obligé de donner de soi une autre face que celle que la nature a imprimée au fonds du cœur. Tout cela est bien commun et ne découvre rien. N’allons pas croire que la réalité d’une personne est forcément ce qu’elle cache. Elle est plutôt dans ce qu’elle montre pour rester visible de la société et de ses lois étranges. Cesser de jouer ainsi un rôle, qui n’est jamais vraiment choisi, c’est n’être que la moitié de soi-même. L’avers sans le revers.

 

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