Lettre d’information N°4.Mars 2022.

Lettre d’information N°4 – Mars 2022.

 

Nous nous accoutumons trop vite à ce que nous avons. Dieu merci, le printemps vient parfois remettre du désordre dans tout ça, nous découvrons que nous n’avons jamais rien eu à nous, et cette découverte est la chose la plus joyeuse que je connaisse”.

Christian Bobin, “L’équilibriste -(Le temps qu’il fait)”.

Du blog et de son effet miroir.

Ecrire en mode numérique, c’est comme envoyer une sonde dans l’infini glacé du cosmos, sans avoir l’assurance d’une rencontre. Tout blog procède de la préoccupation d’un reflet – l’auteur- dans son miroir, car on y écrit, avouons-le, d’abord pour soi-même. Pour soi-même, mais un soi-même un peu faux, en espérant que l’autre s’y reconnaisse en quelque détail de lui-même. Une connexion positive peut ainsi se nouer, et voici le genre humain sauvé une fois de plus…

C’est un peu tâtonnant que j’entame cette quatrième lettre d’Alceste. J’avais soigné les précédentes, sans excéder l’appel promotionnel sur mes nouvelles écritures. Mais je dois constater 1. la vanité possible de mon invention. 2. la paresse probable de mes destinataires. Moins de la moitié aura ouvert le dernier lien (Lettre N°3), malgré la circonstance du nouvel an, et la jolie aigrette, saisie sur une rivière du Sri Lanka. Et surtout, aucun retour sur le lien à leur disposition. Oui, WordPress dispose d’une sorte de mouchard qui révèle ceci et cela. J’y ai constaté des pics de consultations étonnants (jusqu’à 246 visites sur le site le 24 janvier, par exemple, allez savoir pourquoi); et le mineur “Conotron”, avec ses grosses blagues, est bien plus fréquenté que les “Poèmes”. Bon. Qu’en dis-tu, O lecteur flottant et anonyme?

Ah, paresse des esprits, saturés de mots et de nouvelles…Je rêve parfois d’un dialogue, qui dépasserait la loi des cent quarante quatre caractères.

Comment imaginez-vous l’avenir de l’Afrique? Voilà une belle question. Vous trouverez en ligne une critique d’un récent roman uchronique, ou dyachronique, quelque chose comme ça, qui vous invente l’Afrique du futur en près de six-cents pages. Ce n’est pas de trop pour projeter ce continent tout entier dans une sphère optimiste de réussite et de prospérité – d’autant plus que le reste du monde y apparaît plus bas que terre. Lecture captivante, qui vaut bien les heures d’attention imparties à ce volume. Le résultat n’est peut-être pas à hauteur du pari tenté, mais une telle invention a le mérite de fixer un nouvel angle du regard sur l’Afrique. Et si le continent de l’avenir, c’était ça?  (Leonora Miano, L’impératrice rouge).

Comme une sorte de symétrie à cet étonnant roman, belle découverte cet été d’un grand poète, nigérian. Christopher Okigbo. Mort pendant la guerre du Biafra – il crut à l’indépendance- il a son univers propre, ancré dans le XXe siècle: on appréciera le sens des images abstraites.

Jusque dans l’âme 
Les moi étendaient leurs branches
Jusqu’aux moments de chaque heure vécue
cherchant une audience à tâtons

                             (Limites de la sirène, II)

Ecriture d’une étonnante modernité, lyrique et ciselé, déroulant un art nuancé du contraste verbal; et dans une belle traduction. Labyrinthe, et c’est chez Gallimard. Admirez.

Et voici le point critique
  moments crépusculaires entre
  somme et réveil
Et la voix qui renaît transpire
  non par les pores de la chair
  mais par l’échine de l’âme

                                (Limites de la sirène, III)

“J’éteins la lumière, où va-t-elle” (Koan zen)

Fragilité de la lumière. Qui s’est déjà demandé ce qu’il y a après la lumière? Les saisons dans leur mouvement nous en suggèrent quelques vues. Le photographe argentique, en son temps, le savait peut-être…Et des soupçons de réponse dans quelques jours, quand ce sera mis en ligne. Mais ce sera un poème –  vous savez, ce genre de curieux textes qui s’exprime d’une si curieuse façon – enfin fini, et lisible.

Ce siècle qui n’en finit pas de commencer, déjà vieux avec un âge de jeune homme, est celui des vanités. Rien ne dure ni ne se pose, voilà qui fait la beauté de ces passages dont l’instant nous éclaire. Ce fut ici promis, comme un bourgeon, Alceste vous en parle dans une nouvelle rubrique qui sera en ligne aux prémices du printemps.

Des caractères…(Et l’avenir de l’Europe, me direz-vous?) En attendant, la spirale sombre qui entoure le monde et la déraison des hommes semblent s’accélérer. Il y a toujours quelque part, comme on la déteste et la repousse, cette inclinaison pour la guerre et sa triste pénombre qui revient, en nous, ou au loin. Deux ou trois nouveaux caractères en retraceront la pulsion (Les somnambules; le dieu de la guerre…). Et puis, probablement, si l’humeur de ces jours me permet de l’achever, un poème qui évoque la lointaine Ukraine, vive et meurtrie en même temps; ça ne sauvera pas le monde, mais quand même.

Voilà, bientôt “Le printemps clair, l’avril léger” dont rêve Apollinaire, le printemps et ses émulsions colorées qui frissonnent déjà dans l’air parisien. Alors, gardons confiance autant que possible dans le genre humain, malgré la laideur qu’il nous montre à nouveau à l’Est ces jours-ci.

La littérature amateure est un viatique; au pire, un efficace placebo…

Les Cahiers d’Alceste, c’est par ici et ci-dessous…

www.lescahiersdalceste.fr 

Et n’oublions pas vos bienveillants commentaires…