Poèmes courts. Suite N°3.

1.

Les pierres se cachent
Dernier sanglot de la mer
Un secret couvert
Sous le sable qui s’efface
Quand l’ombre approche la mer

2.

Tout autour de nous
L’hiver dévore les fleurs
L’air se fait plus doux
Si le vent tourne sa peur
Étranger dans sa torpeur

3.

Moment de fatigue
Quand tourmentée de questions
La terre navigue
Le ciel prend possession
En chantant de l’horizon

4.

Le nain prend la pose
D’un dieu au regard absent
A l’âme d’argent
Mais de son rire la rose
Tue l’amour de l’indigent

5.

Bulles de savon
Dans l’invisible lumière
D’un vent de saison
Passée l’ombre du sanctuaire
Sait-on où elles s’en vont

6.

Fleurs de cerisier
Éparpillées sous l’averse
L’air vous fait trembler
Et sous la lune disperse
Le blanc de vos secrets

7.

L’orage éclata
Le long du vent en colère
Et les acacias
Très insolents se plièrent
Sous les larmes du tonnerre.

8.

Où sont mes amis
A présent tous égayés
Où sont-ils partis
Ne découvrant que regrets
Semés dessous les pruniers.

9.

Comme un oiseau blanc
Au loin s’en vont les nuages
Un monde flottant
Semble changer de visage
Pour s’inverser dans l’étang.

10.

Dans la jarre un astre
S’abîme et déjà décline
Pourquoi ce désastre
Comme un vœu dans l’eau câline
Tout s’éteint puis se ranime.

11.

Rêve et nuit de fleurs
Du matin l’haleine blanche
Refroidit l’ardeur
Sous la nudité des branches
Le ciel garde sa couleur.

12.

Sous un ciel de flamme
Les blés imitent le sable
Tremblement de l’âme
Comme un germe insaisissable
Que l’été est périssable !

13.

Fatigue des pluies
Vapeur d’eau sur les feuillages
Le ciel se replie
Sous les fougères volages
L’argus fragile s’ennuie.

14.

L’averse soudaine
Les jeunes gens se dispersent
Tant qu’il m’en souvienne
Toujours s’enfuit la jeunesse
Dès que souffle la tristesse.

15.

Odeur d’algue ancienne
Les vagues s’en sont allées
L’étoile oubliée
Dans une flaque obsidienne
S’invente un air de sirène.

16.

Pâleur de décembre
L’automne éblouie se blesse
L’air se fait si tendre
Voici sourdre la vieillesse
Insecte figé sous l’ambre

17.

Nuages épars
Quand le jour s’effile et passe
Drôle d’avatars
Des archipels sans miroirs
Où les rivages s’effacent

18.

Quelque chose change
L’aube irisée dans la mare
Devient toute étrange
Puisque noyé sous l’eau noire
Dérive un lutin orange

19.

Le lutin de flamme
Par amour d’une chandelle
S’épuise et se pâme
Trop près du feu de sa belle
Il se change en étincelle.

20.

On le sait la vie
Ne sert qu’à bien peu de choses
Si trop tôt ravie
S’en est fanée l’énergie
Avant le cycle des roses.

21.

Un flocon s’enivre
Sur l’autre flanc de la vitre
Où vas-tu mon livre
Quand l’hiver d’un souffle invite
Le signet que tu délivres.

22.

Amère saison
Lucioles sous les prunus
Leurs feux se défont
Si pâles que l’horizon
S’estompe dans l’angélus.

23.

L’océan blotti
Sous l’ombre du coquillage
Semble rajeuni
Puis renonce à tout étiage
Désir d’y creuser son nid.

24.

Le trèfle s’étire
Vers le soleil sans retour
Superbe délire
Du bruissement d’un empire
Sous le tremblement du jour.

25.

Consumée dans l’air,
La lumière sous les feuilles
Nous vient de la mer
Goûtons cet écho si cher
Où la terre se recueille

©hervehulin2022