Sans doute toujours considérer, à l’instant de chaque matin qui lève, sa propre vie comme achevée. Aussi dément que ce propos paraisse dans notre siècle seulement soucieux d’embaumer chacun de ses jours. Notre vie n’est ni longue ni brève : elle est toujours rattrapée par cette ombre familière qui guette et avance ; qu’attendre d’autre, raisonnablement, que ces reliefs translucides qu’elle nous a imprimés ? De fortes images qui nous font vivre.

L’espérance n’est pas dans l’attente d’un mieux dessiné on ne sait trop comment – ni par qui. Survivent bien plutôt ceux qui, rares de nos jours, adoptent une vérité conçue avec de fortes idées, une théorie du non-désir qui les accompagnent dans tous les actes de leur vie et rendent ainsi plus familier et plus dociles le sort qui leur est imparti.

Être conscient que malgré leur énergie, il ne s’agit que d’image fêlée : rien ne nous est dû. Ce mieux que l’on s’acharne à réaliser, nous ne connaissons même pas son vrai visage. Il est un frisson qui va.

 

 

©hervehulin