La  vibration interne du regard posé pour la première fois sur une oeuvre d’art qu’on ignorait;

La fraîcheur du matin quand on ouvre la fenêtre qui laisse entrer une odeur d’air vif et neuf, tout de suite après l’éveil;

Les soirs de juin en ville, tout en altitude hantée de martinets invisibles, pour nous dire en cisaillant le bleu que l’été est là;

L’odeur de l’herbe mouillée en octobre, où se pose déjà le soleil, derrière la bruine;

Le brouillard tiède qui flatte le coeur entre le deuxième et le troisième verre d’un vieux vin (rouge), savouré en amitié;

Le flottement visuel d’un éclair sur la rétine.

La Cavatina de l’opus 131, si douce et mélancolique, dont on ne comprend pas pourquoi Beethoven l’a voulu si brève, moins de deux minutes, mais qui vous marque pour la vie dès la première fois, écoutée.

L’enfance, contemplée de l’intérieur.

 

 

©hervéhulin2022