
Hermippe est attentif à la dépense. Il sait en réguler le flux avec presqu’autant de sagesse que le regretté Colbert. De son ménage il n’ignore rien des nécessités et des oisivetés ; mais il en sait ajuster les calculs aux ressources réelles. Il sait très bien comment, de ce qu’on dispose avec près de cent, il est possible de l’obtenir avec seulement quatre-vingt dix. Et s’il est possible de réduire utilement à quatre-vingt dix, alors à quatre-vingt, cela devient avec un minimum d’effort, encore possible, de sorte que soixante-dix est alors à portée. Preuve est faite qu’il n’était point besoin de cent…La ligne est ainsi tracée. Tout ceci n’est que de la bonne mathématique. L’exemple en est simple : rien n’est plus raisonnable que de partager un pain pour la famille quand on en usait deux à chaque repas. Et on verra bien que personne ne meurt de faim, mais bien au contraire, gagne en silhouette et en bonne santé, protégé des excès et des tentations. Mais où donc Hermippe a-t-il puisé la leçon d’une si éblouissante sagesse ? D’évidence, sur l’économie qui guide la conduite de l’État depuis la moitié d’un siècle. Celle-là même qui a permis à tant de citoyens de maigrir et se retrouver nus grâce aux ressorts modernes de la république, qu’ils pourront brader au premier démagogue qui leur fera la promesse d’un second pain et d’un peu de gras.
©hervéhulin2025