Les incorrigibles, revue culturelle.

Echelle conoscopique: 7/10.

 

La culture a pour vocation naturelle de rapprocher les composantes du genre humain. En cela, les arts plastique, la musique, la philosophie et bien d’autres belles choses encore, sont le langage commun de l’humanité. Toujours mus par la passion, les grandes choses de l’esprit se jouent des mots pour aller droit au cœur, et de là, gagner l’intelligence commune des peuples. Encore faut-il que les tenants sachent causer correctement, ou tout simplement, gardent en tête le souci de parler pour se faire comprendre. Hélas, trois fois hélas, on n’y est pas.

Revue « les Incorrigibles », Avril 2021 ; (on reconnaîtra sans peine le titre grossièrement maquillé…). Entretien avec Nicolas Bourriaud, commissaire d‘exposition et critique d’art, auteur de l’essai « Esthétique relationnelle » (presse du réel 1998), qui possède une très belle et très accessible galerie d’art à Paris (rue du Faubourg Saint Honoré) et, précisons-le, quant à lui, plutôt intelligible dans ses propos.

Mais quelles questions lui pose-t-on ? Florilège…

Pour en revenir aux entrelacs entre œuvres et pensée, qui tissent la trame de vos livres, quels artistes seraient les figures marraines de l’esthétique de l’inclusion ? 

Lorsque vous parlez d’une esthétique de l’inclusion, Il ne faudrait pas tant la comprendre comme un trope visuel mais plutôt comme une relation au monde ?

Derrière ce court-circuit temporel, du néolithique au numérique, il s’en profile un second. Lorsque vous critiquez les mouvements des années 2010, le post-internet en art, le réalisme spéculatif et l’ontologie orientée objet (tradition philosophique postkantienne qui remet en cause le primat de la perception humaine sur l’objet qui existe indépendamment) ce serait pour les enjamber, de sorte à relier directement les années 90 à la décennie qui est la nôtre ?

Saluons les efforts de Nicolas Bourriaud pour rester- relativement – compréhensible face à de si puissantes interrogations. Mais ceci pourrait rester – relativement- digérable, à condition d’avoir envie de se prendre la tête et se dire qu’on est intelligent, sans cette remarquable introduction, qui, comme on dit, fait sens et permet au lecteur, d’avancer, de tout comprendre et de s’enrichir de ce qui va se dire. Voilà, ça donne ça :

« A la crise de la culture, substituer une nouvelle conception de l’art. Avec « Inclusion.  Esthétique du capitalocène », le commissaire Nicolas Bourriaud (…) signe un nouvel essai autant qu’une histoire élargie des racines ancestrales qui travaillent le contemporain, ou les exclu-e-s de la modernité occidentalocentrée, prompte à écarter les êtres, les choses et les corps, s’avancent sous les auspices d’une « esthétique inclusive (…). » Inclusions » dresse un portrait d’une époque menacée de déperdition énergétique, sédentarisée et ubérisée, tout en dotant l’esthétique relationnelle d’un pendant contemporain qui en élargit les fondements théoriques, tout autant que le paysage visuel. C’est aussi (…) un avertissement lancé à l’avenir de l’art pris en otage par les politiques culturelles et gangrené, alors par une assignation à faire sens plutôt qu’invité à venir complexifier les débats ».

Bien sûr, l’intention reste bonne, de saluer l’intelligence de l’ouvrage, même si l’effet en est désastreux, .C’est grand, c’est haut. Si on a envie encore de découvrir ce livre, c’est qu’on est sourd. Le meilleur commentaire est de Bourriaud lui-même, qui lâche, dans cet entretien, cette belle maxime : « Une belle œuvre génère des dialogues durables ». On la replacera, promis.

 

 

 

©hervehulin2021