Indice conoscopique: 9/10.
Ça se passe dans le métro, ligne 9, un samedi matin, fin d’été. A Saint Augustin, un homme monte dans la rame. Il ne porte pas de masque. Par les temps qui courent (fin d’été 2021) cela se remarque. Il est plongé sur l’écran de son portable, l’air très concentré. Puis, il lève la tête, regarde les passagers taiseux, et dit à la cantonade, d’une voix modérée :
- « j’ai l’impression que les gens ne sont pas beaucoup partis cet été ». Un temps… « Ils doivent avoir peur du virus ».
Pas de réaction ; évidemment, on est dans le métro. Ça file, deux ou trois stations. Puis :
- « Vous avez vu, ils veulent vacciner les enfants, maintenant. Vous allez les laisser faire ? »
Toujours silence, bien sûr. Non pas que les gens ont peur de répondre. Mais ils n’y ont aucun intérêt. Le type est un emmerdeur, tout le monde l’a vite compris. Puis, encore :
- « Vous savez ce qu’ils mettent dedans ? » (Un temps, regard à droite et à gauche…Puis, devant le silence endormi de l’assistance): « ça circule sur internet, y a qu’à aller voir ».
Donc, c’est bien un emmerdeur, de la facture de ceux qui pullulent depuis la pandémie. De nouveau, deux ou trois stations passent. Sa sauce ne prend vraiment pas. Puis, comme dépité de l’absence d’échos, et de ce sommeil qui empêche les consciences de se libérer sur un ton par l’effet de sa parole, plus virulent :
- « Mais ils se foutent de vous, ils se foutent de vous, tous les jours, tous les jours. Et vous dites merci ! ».
Enfin, à République il descend. Ouf. Parti rejoindre la lutte pour le grand réveil.
C’est édifiant, comme les imbéciles, tout entier assujettis à leur vérité d’imbéciles, se croient toujours obligés de partager leur imbécilité. Mais c’est parfois rassurant, de voir que leur imbécilité leur interdit de comprendre qu’ils sont des imbéciles.
©hervéhulin