Voici l’heure opaque : c’est l’heure la plus pure
Quand l’esprit s’évapore sans trouble ni retard
Voici qu’une ombre se pose au grand large du soir
Le songe s’est voilé dans un souffle qui dure

Voici que s‘achève la vaine ardeur du jour
Adieu les soleils blonds les bienheureux effluves
Le sillon des clartés s’épuise chaque jour
Et chaque soir revient la neige après l’étuve

Viennent l’ombre qui vibre et l’ombre qui voltige
Flatter le ciel tendu dessus les frondaisons
Déjà en toison bleues les nuages s’érigent
Et le ciel s’apaise veiné de doux poisons

La meute des senteurs les armées de lueurs
Raniment les miroirs de forêts diluviennes
Tandis qu’appareillent des navires danseurs
L’océan se gonfle comme un soleil qui saigne

L’ombrage se délie La fraîcheur s’accélère
Des fleurs s’émerveillent comme des tombeaux
Et leur parfum se fige en sifflantes lumières
Le soir encore secret déroule ses anneaux

Quel est donc cet envol qui passe avec ardeur
Quand le monde se ferme aux feux tièdes du soir ?
Quelle est cette brûlure au toucher sans douleur
Comme un instant de pâme, incertain ? « C’est l’espoir ».

 

 

 

©hervehulin2021

 

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