On se plaint souvent de nos jours: il n’y a plus de grands auteurs, de grands compositeurs, plus de grands politiques, et moins encore de grands philosophes ; mais y a-t-il encore des lecteurs encore attentifs pour les lire ? Des auditeurs suffisamment savants pour les entendre? Des citoyens assez éclairés juste pour les croire ? Des sages pour les comprendre ? En faisant mine de regretter un passé glorieux des esprits, ne cherchons-nous pas à cacher l’indigence à laquelle nous nous sommes résignés ? On se lamente d’une sorte de médiocrité des idées qui serait comme le brouillard de notre siècle. Mais avons-nous la certitude de disposer encore de tout l’entendement nécessaire pour apprécier le peu que nous donne encore l’esprit des autres ? S’ils sont encore parmi nous, ces esprits intelligents pour produire des grandes œuvres, et s’ils sont encore répartis dans la cité, ces esprits intelligents pour en saisir les beautés, les richesses et les sagesses, que ne se manifestent-ils pas plus souvent ?