Connaissez-vous Climène, qui est fort engagée dans la cause des femmes ? Cet engagement pourrait être autre, mais elle y consacre bien du temps et de l’énergie et ce courage recueille bien des gratitudes. La tâche ne lui est pas facile, même encore de nos jours. Combien de ses concitoyens et concitoyennes la louent chaque jour de cette action ? Ne les comptez pas, vous y passeriez des nuits. Mais vous ignorez peut-être que Climène déteste Antonia, qui est jeune et le ferait savoir; elle est jalouse d’Astérie, qui est riche et s’en trouverait très orgueilleuse ; elle en veut à Ismène, dont elle dit qu’elle médit de tous et toutes ; et Nérine l’exaspère, qui serait si vaine avec ses changements de mode et, tout simplement par sa réputation ; quant à Thaïs, évitez de lui en parler, vous la rendriez furieuse, mais personne ne saura vous dire pourquoi. Climène, de toutes celles-ci et bien d’autres est très irritée. Finalement, Climène, dira-t-on, exemplaire dans sa cause et condamnable dans ses humeurs, déteste toutes celles qu’elle reconnait de son sexe, et croyant servir les femmes, reproduit les défauts de bien des hommes. Ils sont bien nombreux, ceux attachés au genre humain mais qui détestent leur voisin et la race ou la religion ou le sexe qu’on lui prête. Il est juste de vouloir défendre la vertu; mais sans guérir soi-même de ses vices, on nourrit la cause contraire.
©hervéhulin2025